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avenir de l'université - Paris 8 dans le débat
19 novembre 2007

Personnels de l’Université du Mirail (Toulouse II) en grève contre la LRU

On nous dit que le mouvement contre  la LRU est le fait d’ « étudiants minoritaires » : c’est faux !   
Nous, enseignants, chercheurs, enseignants-chercheurs, personnels de
bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniciens, ouvriers de
l’université de Toulouse-Le Mirail, sommes en grève reconductible depuis le 13
novembre pour exiger l’abrogation de la loi dite LRU (Loi relative aux «
Libertés et Responsabilités des Universités »). Les trois conseils de
l’université du Mirail s’étaient déjà prononcés contre cette loi. La voix de  la CPU
(Conférence des Présidents d’Université) n’est pas celle de la « communauté

universitaire ». Celle-ci s’exprime aujourd’hui dans des assemblées générales
(AG) d’étudiants et de personnels. 

On nous dit que la LRU renforce les « libertés » des universités : c’est faux !

- La LRU concentre les pouvoirs entre les mains du président
« Le président de l’université est élu à la majorité absolue des membres élus du
conseil d’administration parmi les enseignants-chercheurs, chercheurs,
professeurs ou maîtres de conférences, associés ou invités, ou tous autres
personnels assimilés » (art.6) : il est donc possible que le président ne soit
pas issu de l’université.
Le conseil d'administration est fortement réduit, au détriment de la
représentation des personnels et des étudiants. (art.7). Les modes d’élection
et de prise de décision organisent le pouvoir exclusif d’une majorité
présidentielle (art.5, 6, 11). Le conseil scientifique et le conseil des études
et de la vie universitaire n’ont plus qu’un rôle consultatif (art. 8 et 9).
Le président dispose d’un droit de veto sur tous les recrutements. Pour le
recrutement des enseignants et enseignants-chercheurs, les Commissions de
Spécialistes élues sont remplacées par des « Comités de sélection » dont les
membres sont « proposés par le président et nommés par le conseil
d’administration... » (art. 25).

- La LRU institue la précarisation et la soumission des personnels
Le président peut désormais recruter, pour une durée déterminée ou indéterminée,
des agents contractuels pour des fonctions techniques, administratives ou
d'enseignement (art. 19). « Le conseil d’administration définit […] les
principes généraux de répartition des obligations de service des personnels
enseignants et de recherche entre les activités d’enseignement, de recherche et
les autres missions qui peuvent être confiées à ces personnels » (art.19). En
outre, «La LRU vise à permettre à l’université d’individualiser les
rémunérations pour récompenser le mérite et l’implication de ses personnels. »
Le Cahier des charges recommande « de concentrer les primes des personnels
enseignants et de recherche sur un nombre raisonnable de bénéficiaires pour en
élever le montant moyen et leur conférer ainsi un caractère incitatif ; de
moduler les primes en fonction de la manière de servir. » (CF, p.11)      
- La LRU érige l' « efficience » économique en principe de « gouvernance » de

l’Université

La Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF) ayant déjà créé les
conditions de la disparition du service public dans la forme que nous lui
connaissions depuis 1945. Ainsi, l’Inspection Générale des Finances mentionne
comme « préalables » à la mise en œuvre de la LRU : « veiller à ce que la paye
soit assurée sans heurts et se doter de capacités de pilotage de la masse
salariale et des emplois ». (CF, p.8).       
On nous dit que le risque de privatisation de l’université est une «contre-vérité » :
c’est faux !


Avec la LRU, toutes les universités vont avoir à trouver elles-mêmes une part

majeure de leurs ressources financières. La loi promeut le mécénat (art.28, 30)
prévoit que les universités peuvent prendre des participations, participer à des
regroupements, créer des filiales, qu’elles peuvent créer des fondations
(ouvrant droit à défiscalisation), qu’elles peuvent récupérer la pleine
propriété des biens mobiliers et immobiliers qui leur sont affectés, et en
transmettre éventuellement les droits à un tiers (donc, vendre une partie de
leurs bâtiments ou de leurs fonds documentaires pour équilibrer leurs budgets).
Non seulement l’indépendance des universités (et des formations) vis-à-vis des
donateurs n’est pas garantie, mais la survie financière de certaines
universités n’est pas davantage garantie, dans la mesure où elles seront moins
alléchantes pour les intérêts privés.

Chaque université devient concurrente des autres sur le marché des formations.
Chaque président sera contraint de gérer une entreprise de production de
formations en ayant les yeux rivés sur l’évolution du marché de la formation.
Il pourra, de fait, supprimer des filières : « La création, la suppression ou
le regroupement de composantes sont inscrits dans le contrat pluriannuel
d’établissement » (art. 14).


On nous dit que ceux qui, comme nous, réclament l’abrogation de la loi LRU sont des
« irresponsables » : au contraire !
C’est au démantèlement de l’université que nous nous opposons, en défendant les
principes fondamentaux du système universitaire :
- Une administration collégiale (et non pas entrepreneuriale) de l’université.
- Un enseignement donnant une solide base généraliste à tous les étudiants, pour
former des citoyens critiques (et pas seulement des salariés dociles ou adaptés
à un seul type d’emploi).
- L’égalité de traitement de tous les étudiants sur l’ensemble du territoire (et
non l’institutionnalisation d’un système universitaire à plusieurs vitesses qui
renforcerait les inégalités sociales au lieu de lutter contre elles).

Certes, la LRU s’inscrit dans une tendance amorcée depuis plusieurs années
(processus dit de Bologne : « s’adapter en permanence à l’évolution des besoins
», « rechercher une meilleure compétitivité du système européen d’enseignement
supérieur », LMD et ECTS). Mais sa mise en œuvre produirait des changements
difficilement réversibles, qu’il est urgent d’empêcher !
   
  En refusant la LRU, nous refusons aussi, avec tant d’autres (salariés

fonctionnaires et non fonctionnaires, cheminots, avocats, étudiants, lycéens,
sans-papiers, expulsés, mal logés et pas logés du tout…) un monde exclusivement
soumis à la logique de la marchandise et du profit, aux mensonges des politiques
et de médias aux ordres.

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